Du dimanche 19 février au dimanche 26,
J’ai lu :
Donjons & Chatons, version mini - Je t’en parlais la semaine dernière : le financement de Donjons & Chatons version complète bat son plein et explose tous les records, c’était donc la bonne occasion pour (re)lire sa version mini, imprimée et offerte par l’auteur lui-même, excuse du peu. Je ne sais pas du tout ce qu’il en a été gardé dans la version complète : ici je trouve une OSRie de très bonne facture, avec un système tout simple qui privilégie clairement l’accessibilité à du jeu velu pour vétérans, ce qui est à mes yeux une très bonne chose. Et il y a comme il se doit des pôtits chats tropmignons, ce qui est clairement ce pourquoi on y revient, on va pas se mentir.
Cerebus #51 à #100 - J’ai finalement et à nouveau tenu le rythme sur Cerebus cette semaine (même si, tu le vois avec le reste de cette compote, mes autres lectures en ont bien pâti). Les 50 numéros que j’ai avalés correspondent grosso modo au 3e tome des aventures de Cerebus (à 11 numéros près, il me manque donc le grand final) et parlent de son ascension au sommet du pouvoir, en même temps que la virtuosité graphique de la série s’affirme. Ça a globalement été un grand plaisir de lecture, parfois un poil trop verbeux (je sais, ça ne va pas s’arranger) et à deux détails près : décidément, je n’ai que faire des différentes caricatures utilisées par Sim pour ses personnages (ici on a notamment Mick Jagger et Keith Richards qui débarquent sans raison apparente et occupent pas mal l’espace), et pour une série reposant en partie non négligeable sur le dialogue, affubler la moitié des personnages de dialectes reproduits par des orthographes et syntaxes non conventionnelles, c’est juste très fatiguant pour rien. Ajoutons à cela quelques numéros qui ne servent clairement à rien d’autre qu’allonger la sauce, et l’on commence à voir les premières fragilités de la série… Sans compter le caractère détestable de l’auteur qui s’exprime principalement dans ses invectives paratextuelles. On verra ce que ça donne la semaine prochaine !
Capitalites - Ça fait longtemps que Capitalites était sur ma liste de jeux à lire, et pour cause : un jeu où l’on incarne des jeunes gens plus ou moins riches et plus ou moins détestables d’une métropole asiatique imaginaire, ça me faisait furieusement penser à des choses que je tente de développer dans Hex & the City ! Le jeu est enfin sorti dans sa version finale cette semaine, je me suis donc jeté dessus… et c’est un peu la déception. Que le jeu ne comporte absolument aucun système pour gérer les actions des personnages, se contentant de leur donner quelques vagues motivations et un caractère bien trempé, ça ne me gêne pas, je suis de cette école même si moins radicalement. En revanche, l’ensemble du bouquin m’a paru très creux : plein d’archétypes de personnages, quelques contextes de jeu très rapidement brossés (et dont on se demande comment ils peuvent donner lieu à des campagnes, contrairement à ce qui est affirmé), une pincée de conseils de jeu, et c’est tout. À mon sens, ça suffit à peine pour jouer, et c’est dommage car le projet Capitalites reste très chouette ! À noter d’ailleurs, car tout n’est pas négatif, des outils pour gérer une partie du jeu comme si c’était une série télé, un concept qui évidemment m’intéresse et est bien abordé ici.
Iron Valley - Chez les Courants Alternatifs, il existe bien un jeu de rôle inspiré d’Animal Crossing, alors pourquoi pas un jeu inspiré de Stardew Valley ? En l’occurrence, cette version en développement d’Iron Valley propose quelques règles pour jouer en solo l’arrivée dans un petit village, l’installation et le rendu de divers coups de main à des habitants, en partant du principe qu’on ne peut pas tout faire dans une journée, imitant donc parfaitement la logique du jeu vidéo qui l’inspire (et avec des mécaniques tirées d’Ironsworn). Dans le futur, il devrait y avoir de quoi gérer aussi les relations amicales et/ou amoureuses, faisant donc d’IV définitivement un bon émulateur de jeu vidéo !
Beneath our own Flag - Le récent visionnage de Our Flag Means Death m’a donné envie de jeux de pirates qui sortent un peu des clichés, et voici qu’apparaît sur mon radar ce jeu de Che, créateur que j’avais déjà repéré pour son excellent Three Dudes Go Bowling. C’est un pur jeu Belonging Outside Belonging, où l’on incarne à la fois des membres de l’équipage dans ce qu’ils peuvent avoir d’archétypal, de l’aristocrate au gros bras en passant par le singe (mais oui), et des éléments du décor. C’est sur ce 2e point que BOOF pèche un peu : à trop mélanger les éléments naturels (comme la mer) à des choses plus concrètes (le trésor) ou abstraites (la mort) et sans trop donner de billes sur quand choisir l’un ou l’autre, ça en fait un jeu qui me paraît compliqué à manier, peut-être trop pour son bien. Dommage, mais comme il s’agit d’un projet en développement, je choisis de m’accrocher encore à la promesse !
Les Veilleuses - Un nouveau jeu de Guillaume Jentey, ça vaut toujours le détour ! Quand en plus le sujet en est aussi chouette que celui d’incarner des veilleuses, qui protègent une forêt contre les influences néfastes extérieures, qu’elles soient magiques ou humaines… C’est donc un jeu par essence plutôt choupi, même s’il comporte une partie mécanique non dénuée de complexité, voire de stratégie, et qu’il permet l’apparition de choses plus sombres si le cœur nous en dit. Quand en plus le jeu est superbement illustré et maquette par Willy Cabourdin (dont je te reparle dans la rubrique suivante), aucune raison de ne pas s’y pencher…
Page de pub :
Broken Cities - C’est la période des projets en financement dis-donc ! Comme je voulais pas rester à l’écart des copaines j’ai lancé le mien : il s’agit de la version anglophone de mon jeu Cités abîmées, sorti chez Dystopia cet automne (mais tu en as déjà 3 exemplaires donc tu le sais). Si je t’en parles ici, ce n’est pas juste pour que tu relaies l’info à ton correspondant habitant à Glasgow, mais c’est aussi parce que dans le cadre de ce financement je propose un jeu de cartes spécialement conçu par Nicolas Folliot, mon compère maquettiste, et utilisable aussi bien en français qu’en anglais ! C’est juste un jeu de cartes, hein, y a pas de règles en plus ou quoi, mais franchement un jeu aussi beau, moi je sauterais sur l’occasion.
L’Insurrection - Une autre qui profite de la vague, c’est ma sœur d’armes Melville, avec ce magnifique jeu qui sort opportunément au moment où cramer la société est clairement la seule chose qu’il reste à faire. « Magnifique » n’est vraiment pas un vain mot vu que le maquettiste est le même que pour l’excellentissime Exploirateurs de Bruines de Vivien Féasson : mais L’Insurrection n’est pas que beau, c’est aussi un jeu qui réinvente très chouettement le système “Belonging Outside Belonging” avec une partie des joueuses incarnant des éléments du décor et d’autres des personnages au sens plus conventionnel. Bon, et j’ai des billes dans la partie vu que si les choses montent assez haut, je pondrai (en duo avec ma comparse Lisa Banana) un cadre pour le jeu ! Alors hop hop hop, on allonge les billets (mais seulement après avoir acheté un jeu de cartes s’te plaît).
J’ai vu :
Leonor will Never Die - Je ne savais pas grand chose de ce film, sinon qu’il revisitait le cinéma d’action philippin de façon originale et respectueuse et je n’ai effectivement pas été déçu ! La Leonor du titre est une ancienne réalisatrice de films d’action philippins qui, dans ses vieux jours, tente de mettre la dernière main à un scénario très personnel sans y parvenir. Et puis, petit à petit et de façon de plus en plus effrénée, la fiction et la réalité vont se mélanger et donner lieu à un cocktail d’action et de scènes touchantes vraiment incomparable à quoi que ce soit, jusqu’à un final qui monte en fusée dans le méta, pour mon plus grand plaisir. Une vraie belle découverte, donc, que je te recommande chaudement !
Something in the Dirt - Justin Benson et Aaron Moorhead font partie de ces duos de réalisateurs dont je suis les sorties avec attention (même si je viens d’aller chercher leurs noms sur DuckDuckGo) : j’avais beaucoup aimé leur premier film Resolution, histoire un peu fauchée de boucle temporelle, et The Endless, sur le même principe, avait admirablement étendu leur univers. SitD ne parle pas du tout de boucle temporelle (promis) mais reste dans cette même ambiance de fantastique concrétisé avec quelques bouts de ficelle et du talent : ici on suit deux hommes pas loin d’une crise de la quarantaine, qui n’ont rien pour eux à part une connaissance un peu louche de tout un tas de théories ésotériques et un passé plus ou moins louche, et qui se co-hypent autour d’un cristal qui gravite dans leur salon. On suit leur documentation du phénomène, qui apparaît assez vite perclue de problèmes de subjectivité, et puis je ne vais pas te divulgâcher la fin mais ce genre de films est la preuve que le cinéma indépendant n’a pas besoin d’un gros budget pour faire bien mieux que des tonnes de blockbusters actuels.
VelociPastor - Bon, après, tous les films fauchés et bizarres ne sont pas forcément bons. VelociPastor a sans doute été conçu à partir de son excellent titre et de son pitch imparable (un pasteur se transforme en vélociraptor pour combattre les ninjas) mais n’a hélas pas les moyens de ses ambitions, ou plutôt n’arrive pas à décider quelles sont les ambitions en question : est-ce un nanar volontaire à la Sharknado avec des clins d’œil méta et des scènes d’action ridicules ? Un film qui essaye de jouer dans la cour des grands avec des scènes qui se veulent sincères mais tombent totalement à plat (et sont horriblement mal filmées) ? Bref, c’était malheureusement un peu attendu mais ça me confirme que les seuls bons nanars sont ceux qui sont honnêtement convaincus de ce qu’ils font, sans essayer de faire les malins toutes les 5 minutes.
Come to Daddy - Ça commence comme un film indé un rien banal : un jeune hipster, incarné avec brio par Elijah Wood, retrouve son père après 30 ans de séparation et se rend compte que le père en question est une sacrée tête de con. Sauf que le film, en prenant son temps, se métamorphose en d’autres choses, et après avoir promis quelques ambiances vers lesquelles il ne se déplacera finalement pas (et dont je ne te dirai rien ici, pour préserver la surprise), finit sur un déchaînement de violence assez inattendu. Ces différents virages font de Come to Daddy une vraie curiosité, à laquelle je ne m’attendais pas et qui fut un vrai plaisir !
J’ai joué à :
Metroid Prime Remastered - Et voilà, Nintendo en a à nouveau après ma productivité… J’ai plongé avec bonheur dans le remake de ce classique de la GameCube, n’y ayant que très peu joué lors de sa sortie il y a 20 ans ; je ne connaissais donc presque pas le jeu qui était le premier Metroid en 3D. Mentionnons pour commencer que cette version remasterisée mérite son sous-titre tant les graphismes ont été liftés et sont ici au niveau de n’importe quelle production contemporaine : c’est vraiment très beau dans son genre. Au-delà de ça, Metroid Prime est, comme tous les Metroid, un excellent jeu d’exploration en premier et de combat en second, avec son monde qui paraît d’abord labyrinthique avant qu’on ne se fasse à sa topographie à force de repasser par ici et par là, les couloirs s’ouvrant au rythme des améliorations débloquées. Le côté baston, lui, est surtout assuré par des boss plutôt divers et originaux, et sacrément difficiles à occire pour les derniers d’entre eux ; le combo entre les deux assure un moment ludique des plus cools, qui me donne envie de replonger dans d’autres sorties de la saga que je n’ai pas encore exploré (mais CERTAINEMENT PAS Metroid II et son absence de carte du monde qui me fait frissonner rien qu’à y repenser).
J’ai écouté :
Jeanne Cherhal, Charade - À la maison, le 2e album de Jeanne Cherhal (le premier étant sorti ultra-confidentiellement et introuvable) a pas mal tourné ; le 3e, Douze fois par an, qui lui a apporté le succès et la célébrité (relative) un peu moins, et celui d’après moins encore. On trouvait que son côté « chansons rigolotes » était tout de même un poil plus intéressant que ses incursions vers des choses plus sérieuses, pas assez soutenues par des mélodies finalement un peu trop « folk variété ». Et puis vient cette Charade, qui comme son titre l’indique fort bien est la somme de bien des petites choses qui font mouche : des arrangements plus variés et plus audacieux, explorant les différentes avenues de la folk-pop, avec quelques chansons qui font sourire mais surtout une veine plus intime, plus touchante, plus triste aussi, depuis une belle reprise d’Arcade Fire à l’une des meilleures chansons sur l’adolescence que j’ai entendu ces dernières années (et alors que j’en sortais tout juste, à l’époque de la sortie de l’album). Par la suite, Jeanne Cherhal n’atteindra plus à mes oreilles ces sommets et se repliera vers des choses moins audacieuses ; je continue de considérer cette Charade (dont je n’ai pas mentionné le gimmick principal, à savoir que Cherhal y est seule à bord, jouant de tous les instruments) comme le sommet de son œuvre, et peut-être un sommet tout court.
Et toi :
Ben : Vu ce week-end La Famille Asada. C'est un film aussi atypique qu'extraordinaire. Je ne me souviens pas de la dernière fois qu'un film au cinéma m'a fait à la fois rire aux larmes et pleurer, mais ce n'est pas un nouveau La Vita è Bella, ce n'est ni ce genre de rire, ni ce genre de larmes. On suit la famille Asada, le père au foyer (très atypique au Japon) la mère infirmière, le fils ainé, sérieux, et le fils cadet, rêveur. Tout commence quand le père offre son appareil photo à son plus jeune fils, qui s'oriente naturellement vers la photographie. Il y trouve un moyen d'aider les autres à réaliser leurs rêves par procuration... C'est vraiment superbe, à la fois criant de vérité, entre la recréation des intérieurs japonais depuis les années 80 jusqu'à (presque) maintenant, et éminemment poétique. C'est un film sur le pouvoir de la photographie, mais aussi sur la mémoire, sur la famille... Bref, je ne peux que vous le recommander, c'est génial, et je vais peut-être bien retourner le voir tant qu'il est à l'affiche.
Andy : Dead in Hollywood, de City of Exiles. City of Exiles est une sorte d’accident d’amitié, si j’ai bien compris leur histoire. Des potes qui se réunissent pour enregistrer les chansons de l’un d’entre eux, parce qu’il en rêvait. Lui, c’est Guillaume Lebouis, l’ancien manager de Radiosofa. Le reste de la bande, ce sont des membres de Radiosofa, sur le premier album, auxquels se joignent des membres de la Maison Tellier, sur le deuxième, et quelques autres dont Pauline Denize. Pour tout vous dire, j’étais rapidement passé à autre chose après mon écoute de City of Exiles, simplement parce que la voix n’est pas franchement dans mon registre préféré. C’était une erreur. J’ai l’habitude d’écouter des musiques très premier degré, sans grande subtilité, et c’est ce qui m’a rendu la découverte de City of Exiles plus compliquée. Il m’a fallu du temps pour apprécier ce groupe. Parlons un peu de ce Dead in Hollywood, leur second opus. On retrouve la voix de Guillaume Lebouis, grave, crue quoique plus assurée dans ce nouvel album. On vibre dans la cour de géants comme Lou Reed, Leonard Cohen, David Bowie ou Nick Cave. C’est parfois même traînant comme du Murat. Oui, ça fait des grosses références ! Côté musical, on est dans un rock assez sombre. De mémoire, Guillaume a une grosse culture musicale et cinématographique, son travail comporte pas mal de références à des ambiances glanées de-ci de-là. Cet album, produit par Peter Hayes, de Black Rebel Motorcycle Club, qui intervient également sur deux chansons, me semble plus compact et cohérent que le premier opus. Ce dernier pouvait parfois donner l’impression d’un collage de chansons plus ou moins disparates, sans que l’ensemble soit désagréable, entendons-nous. Le soleil, par exemple, est l’un de mes morceaux préférés de City of Exile et un bel hommage à Godspeed You Black Emperor. Mais là, dans Dead in Hollywood, il y a comme une violence en sourdine, un désespoir incrusté dans la plupart des chansons. Les couches instrumentales nous emportent lentement dans l’univers du groupe qui affirme clairement son identité dans cet album. Oui, on peut toujours y entendre les influences de départ, mais on y entend surtout désormais du City of Exiles, et c’est tant mieux. J’en veux pour preuve cette reprise de Frozen : quoi de mieux que le titre d’une autre artiste pour illustrer sa propre sensibilité ? Le morceau respecte tout à fait l’œuvre originale mais l’emmène vers de nouveaux territoires : j’adore !
Et toi, qu’as-tu compoté cette semaine ?
Des bises
et peut-être à dimanche prochain !